Avortementcomment tard est-il trop tard?

Le débat sur la façon de gérer les bébés nés gravement handicapés a attiré l’attention sur la question de l’avortement tardif. En vertu de la loi britannique, les femmes peuvent mettre fin à leur grossesse beaucoup plus tard que nombre de leurs homologues continentales — jusqu’à 24 semaines, à condition que deux médecins l’autorisent. En Italie, par exemple, une limite de 90 jours s’applique et, ce qui est peut-être plus surprenant, en Suède, les avortements ne sont normalement autorisés que jusqu’à la 18e semaine de grossesse (voir tableau). Maintenant, la limite tardive de la Grande-Bretagne, toujours controversée dans certains milieux, fait l’objet d’un nouveau feu.

Le mois dernier, Nadine Dorries, députée conservatrice, a présenté un projet de loi réduisant la limite à 21 semaines et imposant un délai de réflexion de dix jours entre la visite d’un médecin pour demander un avortement et la prise d’un avortement. Le projet de loi n’est allé nulle part, mais on ne s’attendait pas à ce qu’il fasse plus que diffuser le problème. Une enquête menée en 2005 auprès de 154 députés par Communicate Research, une société de sondage, a révélé que 63% d’entre eux étaient favorables à l’abaissement de la limite, soit près du double du chiffre de 2004 (37%).

D’autres se sont également inquiétés des règles sur l’avortement. Les sondeurs d’IPSOS-MORI ont constaté que moins d’un quart des personnes interrogées en 1996 estimaient que l’accès à l’avortement devrait être rendu plus difficile. Dix ans plus tard, 42 % étaient favorables à la réduction du délai.

Les progrès technologiques ont contribué à cette inquiétude. Des scans en quatre dimensions de bébés « souriants » dans l’utérus ont rendu les très jeunes fœtus plus réels. Quand les gens regardent un bébé à naître sucer son pouce, ils le voient comme un être humain, dit Josephine Quintavalle, de Alive and Kicking, un groupe de campagne pro-vie. Et le fait que les bébés très prématurés ont maintenant de bien meilleures chances de vivre — bien que généralement avec de graves handicaps — a également rendu l’avortement tardif plus difficile à vendre qu’il ne l’était.

Pourtant, une modification de la loi est peu probable pour le moment, pour plusieurs raisons. La première est que l’avortement après 20 semaines est en fait rare, donc les mouvements pour l’interdire manquent de morsure réelle. Bien moins de 1% de tous les avortements en Angleterre et au Pays de Galles concernaient des fœtus âgés de plus de 21 semaines. Lorsque les gens réalisent à quel point il y a peu de cas d’avortement tardif, l’opposition au concept diminue, explique Laura Riley, de BPAS, qui gère des cliniques de planification familiale.

Une deuxième raison est que certains problèmes fœtaux très graves ne sont toujours pas détectables tant que la grossesse n’est pas relativement avancée, ce qui a été l’une des principales raisons des interruptions tardives. Cela pourrait changer si l’euthanasie du nouveau-né devenait une option plus largement acceptée. Mais probablement pas bientôt.

Cet article est paru dans la section Grande-Bretagne de l’édition imprimée sous le titre « How late is too late? »

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