Comment soutenir les familles qui partagent un lit
La privation de sommeil sous-tend de nombreux problèmes de santé et de comportement. Une première étape pour soutenir les familles consiste à poser des questions sur les routines et les habitudes de sommeil, y compris le partage du lit. La National Sleep Foundation recommande aux tout-petits de dormir entre 11 et 14 heures par jour et aux adultes entre 7 et 9 heures par jour.15 Les tout-petits et les parents qui dorment moins que le nombre d’heures recommandé courent un risque de privation de sommeil et de problèmes associés. Informer les parents des recommandations de la National Sleep Foundation ou de l’AAP garantit qu’ils sont au courant des recommandations et constitue une étape importante dans leur décision d’envisager des alternatives au partage du lit. Cependant, l’information seule ne suffit pas à produire un changement de comportement10, en particulier si les obstacles environnementaux ou économiques rendent difficile le changement.
Il est avantageux pour les prestataires d’évaluer l’étiologie du partage des lits pour aider les familles à identifier des alternatives. Les techniques d’entrevue motivationnelle peuvent aider les fournisseurs à comprendre les motivations des parents pour le partage du lit. Dans les cas où le partage des lits résulte du contexte environnemental, il peut être avantageux d’identifier des pratiques qui minimisent les risques liés au partage des lits. Par exemple, la mise en œuvre d’une routine de coucher cohérente a été associée à une diminution des problèmes de sommeil, à moins de réveils nocturnes et à une durée de sommeil accrue.16 Les routines cohérentes au coucher incluent souvent des activités telles que le brossage des dents, la lecture de livres, les câlins de bonne nuit et l’extinction des lumières.17 Ces activités apaisantes peuvent aider les tout-petits à se détendre et à s’endormir. Les lumières doivent être éteintes dans les 30 minutes suivant la fin d’une routine pour faciliter la régulation du cycle veille-sommeil et la promotion de la libération de mélatonine.18 Dans le même ordre d’idées, les appareils électroniques ne doivent pas être utilisés dans l’heure qui suit le coucher, non seulement en raison de la lumière qu’ils émettent, mais aussi en raison de leur relation avec des résultats de sommeil défavorables, tels que des réveils accrus, des heures de coucher plus tardives, une somnolence diurne et une courte durée de sommeil nocturne.18 Enfin, fournir au tout-petit un article de confort tel qu’un animal en peluche ou une couverture peut aider à créer un environnement de sommeil positif.18
Même en présence de partage de lit, l’augmentation de la cohérence d’une routine nocturne (y compris les stratégies énumérées ci-dessus) pourrait atténuer les effets négatifs du partage de lit.9 De plus, il a été associé à une plus longue durée de sommeil et à moins de réveils nocturnes,2,9 même dans le contexte d’un éventuel partage du lit plus tard dans la nuit, à la promotion de l’initiation au sommeil indépendante du tout-petit en le faisant s’endormir seul (c.-à-d. qu’il ne soit pas tenu ou endormi). Bien qu’un objectif ultime puisse être de réduire les pratiques de partage de lit, des stratégies intermédiaires telles que la transition du tout-petit vers son propre lit ou vers le lit d’un frère ou d’une sœur peuvent aider les familles à minimiser certaines des difficultés associées au partage de lit.
Le désir des parents de partager leur lit peut également provenir de la croyance que le partage de lit favorise la proximité familiale ou que le partage de lit peut satisfaire leur propre besoin de proximité. Les parents présentant des symptômes de santé mentale peuvent partager leur lit pour chercher leur propre confort, ce qui pourrait engendrer des difficultés de sommeil et des difficultés au coucher de leur tout-petit une fois que les parents ont choisi de mettre fin à la pratique du partage du lit. Contrairement aux attentes selon lesquelles le partage du lit favorise la proximité, le partage du lit a été associé à une mauvaise qualité de sommeil des parents, à une courte durée et à des symptômes de santé mentale 7 et peut interférer avec le besoin d’autonomie des tout-petits marqué par l’initiation au sommeil et l’auto-apaisement. De nombreuses pratiques parentales qui n’impliquent pas le sommeil ont été associées à la proximité parent-enfant, y compris la parentalité réactive par laquelle les parents écoutent leur enfant et réagissent rapidement et selon l’âge, mais pas nécessairement de manière conciliante.19 S’engager dans des « moments spéciaux » pour le jeu ou la lecture de livres sont une autre alternative pour promouvoir la proximité parent-enfant.
Les préoccupations concernant le sommeil et le partage des lits ont également donné lieu à des stratégies de santé publique et de politiques. En Géorgie, le département de la santé de l’État a mis en œuvre un programme de distribution de lits pour aider à réduire les pratiques de sommeil des nourrissons moins adaptatives, y compris le partage des lits.20 La distribution des lits d’enfant peut être plus efficace lorsque les parents reçoivent également des conseils sur la mise en œuvre des routines du coucher, en particulier s’ils font la transition de leur tout-petit du partage du lit au sommeil indépendant. Des recherches futures pourraient examiner l’efficacité des programmes de distribution de lits pour tout-petits dans les régions à faible revenu où le partage des lits est une nécessité économique. Si de tels programmes sont couronnés de succès, cette stratégie pourrait éclairer la politique publique sur le logement abordable.
Aider les tout-petits à développer des habitudes de sommeil saines, y compris la capacité de s’endormir sans aide et de se rendormir après le réveil, est une tâche importante de la parentalité. Le partage du lit peut entraver le développement d’un modèle de sommeil approprié chez les tout-petits. L’identification des raisons pour lesquelles les familles partagent le lit permet aux fournisseurs d’aider les familles à identifier des stratégies qui peuvent promouvoir des habitudes de sommeil saines pour leur tout-petit. Aborder le partage du lit à cet âge critique du développement peut favoriser une santé du sommeil qui s’étend tout au long de la vie.