En novembre 333, Alexandre battit Darius III Codomannus lors de la bataille d’Issus. Ce fut une victoire brillante, mais l’auteur grec Plutarque de Chaeronea, philosophe et moraliste, s’intéresse davantage au comportement courtois d’Alexandre après la bataille. Il écrit ce qui suit dans la section 20-21 de sa Vie d’Alexandre.
La traduction a été faite par M. Evelyn et appartient à la série Dryden.
Alexandre et la femme de Darius
Rien ne voulait achever cette victoire, dans laquelle Alexandre renversa plus de 110 000 de ses ennemis, mais la prise de la personne de Darius, qui s’échappa de très peu par la fuite. Cependant, ayant pris son char et son arc, notez qu’il revint de le poursuivre,
et trouva ses propres hommes occupés à piller le camp des barbares, qui était extrêmement riche. Mais la tente de Darius, qui était pleine de meubles splendides et de quantités d’or et d’argent, était réservée à Alexandre lui-même, qui, après avoir baissé les bras, alla se baigner en disant: « Purifions-nous maintenant des labeurs de la guerre dans le bain de Darius. »
» Ce n’est pas le cas, répondit l’un de ses disciples, mais plutôt chez Alexandre ; car la propriété des conquis est et doit être appelée celle du conquérant. »
Ici, voyant les vases de bain, les pots à eau, les poêles et les boîtes à onguents, tout d’or curieusement ouvragé, et sentant les odeurs odorantes dont tout le lieu était délicieusement parfumé, et de là, passé dans un pavillon de grande taille et de grande hauteur, où les canapés et les tables et les préparatifs d’un divertissement étaient parfaitement magnifiques, il se tourna vers ceux qui l’entouraient et dit: « Ceci, semble-t-il, est la royauté. »
Mais alors qu’il allait souper, on lui apprit que la mère et la femme de Darius et ses deux filles célibataires, prises parmi le reste des prisonniers, à la vue de son char et de son arc, étaient toutes en deuil et en tristesse, l’imaginant mort.
Après une petite pause, plus touché par leur affliction que par son propre succès, il leur envoya Léonnatus, pour leur faire savoir que Darius n’était pas mort, et qu’ils n’avaient pas à craindre de mal d’Alexandre, qui ne lui fit la guerre que pour la domination; ils devraient eux-mêmes recevoir tout ce qu’ils avaient reçu de Darius.
Ce message gentil ne pouvait qu’être le bienvenu pour les femmes captives, en particulier en étant rendu bon par des actions non moins humaines et généreuses.
Car il leur a donné la permission d’enterrer qui ils voulaient des Perses, et d’utiliser à cette fin les vêtements et les meubles qu’ils estimaient dignes du butin. Il ne diminua rien de leur équipement, ni des attentions et du respect qui leur étaient autrefois accordés, et autorisa pour leur entretien des pensions plus importantes qu’auparavant.
Mais la partie la plus noble et la plus royale de leur usage était qu’il traitait ces prisonniers illustres selon leur vertu et leur caractère, ne leur faisant pas souffrir d’entendre, de recevoir ou d’appréhender tout ce qui était inconvenant. De sorte qu’ils semblaient plutôt logés dans quelque temple, ou dans certaines chambres de la sainte vierge, où ils jouissaient de leur intimité sacrée et ininterrompue, que dans le camp d’un ennemi.
Néanmoins, la femme de Darius était considérée comme la plus belle princesse vivant alors, comme son mari l’homme le plus grand et le plus beau de son temps, et les filles n’étaient pas indignes de leurs parents.
Mais Alexandre, estimant plus noble de se gouverner que de conquérir ses ennemis, ne recherchait aucune intimité avec l’une d’elles, ni même avec aucune autre femme avant le mariage, à l’exception de Barsine, la veuve de Memnon, qui fut faite prisonnière à Damas.
Elle avait été instruite dans l’apprentissage du grec, était d’un caractère doux, et par son père, Artabazus, descendant royalement, avec de bonnes qualités, ajoutées aux sollicitations et aux encouragements de Parménion, comme nous le dit Aristobule, le rendait plus disposé à s’attacher à une femme si agréable et si illustre.note
Du reste des captives féminines, bien que remarquablement belles et bien proportionnées, Alexandre ne prit pas d’autre avis que de dire en plaisantant que les femmes perses étaient de terribles saletés.