- Violence chez les jeunes
- Les arguments en faveur de la prévention de la violence chez les jeunes
- Possibilités de prévention de la violence chez les jeunes en début de vie
- Scolarisation et prévention de la violence chez les jeunes
- Prévenir la violence chez les jeunes en s’attaquant à l’alcool
- Déterminants sociaux et prévention de la violence chez les jeunes
- Politique et prévention de la violence chez les jeunes
Violence chez les jeunes
- Les arguments en faveur de la prévention de la violence chez les jeunes
- Opportunités de jeunesse pour la prévention de la violence chez les jeunes
- La scolarisation et la prévention de la violence chez les jeunes
- Prévenir la violence chez les jeunes grâce à la lutte contre l’alcool
- Déterminants sociaux et Prévention de la violence chez les jeunes
- Politique et prévention de la violence chez les jeunes
Les arguments en faveur de la prévention de la violence chez les jeunes
La violence est l’une des principales causes de décès et d’invalidité chez les jeunes en Europe. Plus de 10 000 Européens âgés de 15 à 29 ans perdent la vie chaque année à cause de la violence (Organisation mondiale de la santé, 2008) et beaucoup plus souffrent de dommages physiques, émotionnels, psychologiques ou sociaux en raison de leur participation à la violence, de leur témoignage ou de leur crainte. La violence peut affecter tous les aspects de la vie des jeunes, entraver leurs perspectives d’éducation, d’emploi et de santé et réduire leur capacité à nouer des relations personnelles et sociales saines. La prévention de la violence chez les jeunes est un aspect essentiel pour répondre à un large éventail de politiques relatives à la jeunesse, à la société, à la famille, à la santé et à l’emploi. Plus largement, les niveaux élevés de jeunes et d’autres formes de violence peuvent constituer des obstacles à l’investissement économique dans les régions.
Par rapport aux autres groupes d’âge, les jeunes courent un risque accru de participation à la violence en tant que victimes et auteurs (Sethi et al, 2010; Bellis et al, 2011). La jeunesse est une période marquée par des changements physiques, émotionnels, cognitifs et comportementaux rapides qui peuvent contribuer à la fois à l’agression et à la vulnérabilité à la violence. Par exemple, des changements biologiques et neurologiques survenant pendant la puberté, comme une augmentation du niveau d’hormones de stress, peuvent augmenter le risque de se livrer à un comportement agressif ou antisocial. De plus, pendant la jeunesse, les relations avec les pairs peuvent avoir préséance sur l’influence des parents et d’autres figures d’autorité, et les jeunes peuvent être exposés pour la première fois à des situations de violence, telles que des interactions sexuelles, des environnements de consommation d’alcool et des marchés de drogues illicites. La façon dont les jeunes font face à ces défis dépend de la force de leurs compétences sociales et émotionnelles, du soutien familial et social qu’ils ont autour d’eux et des normes culturelles et sociales qu’ils ont apprises pendant l’enfance.
Possibilités de prévention de la violence chez les jeunes en début de vie
Bon nombre des principaux facteurs de risque de participation à la violence chez les jeunes proviennent de l’environnement familial et communautaire dans lequel les jeunes grandissent. Les enfants maltraités ou vivant dans des ménages dysfonctionnels – par exemple lorsqu’ils sont témoins de violence domestique, de consommation de substances par les parents ou de comportements criminels – courent un risque accru de participation ultérieure à la violence chez les jeunes (Duke et coll., 2010). D’autres facteurs de risque au début de la vie comprennent le fait d’avoir une mère adolescente, de provenir d’une famille monoparentale, d’avoir de mauvaises relations parentales et de faibles résultats scolaires.
Les répercussions des expériences vécues en début de vie des enfants sur leurs risques de violence signifient que les interventions en début de vie ont un rôle essentiel à jouer dans la prévention de la violence chez les jeunes. Ces interventions travaillent avec les enfants et leurs familles dès les premiers stades de la vie, favorisant un développement sain du cerveau, la formation de compétences sociales et émotionnelles et un soutien familial et communautaire solide. Les programmes efficaces comprennent des visites à domicile par des infirmières pour les nouveaux parents, des programmes de formation des parents et des programmes d’enrichissement préscolaire (Organisation mondiale de la santé, 2009a). Ces interventions visent à renforcer les liens entre les parents et leurs enfants; fournir aux parents des connaissances et des compétences pour comprendre et prendre soin de leur enfant; et développer des compétences émotionnelles, sociales et d’apprentissage chez les jeunes enfants. Ils peuvent également inclure un soutien plus large aux familles en matière de santé, de bien-être social et d’emploi. Outre la prévention de la violence chez les jeunes, les interventions précoces peuvent avoir des avantages à long terme en réduisant d’autres formes de prise de risque chez les jeunes, telles que l’abus d’alcool, la consommation de tabac et de drogues et les relations sexuelles non protégées, et peuvent améliorer leurs résultats en matière d’éducation et d’emploi. De tels programmes peuvent être très rentables; les économies liées à la santé, à la justice sociale et à la justice pénale sont largement supérieures aux coûts des programmes (Aos et al, 2004).
Scolarisation et prévention de la violence chez les jeunes
Lorsque les enfants entrent dans l’éducation formelle, la mise en place d’environnements scolaires sûrs est essentielle pour les protéger de l’intimidation et de la violence chez les jeunes, et leur permettre d’apprendre et de se développer efficacement. Les approches globales de l’école créent des environnements où l’intimidation n’est pas tolérée, intégrant des réglementations et des procédures claires pour lutter contre l’intimidation, la formation des enseignants, l’éducation des parents, la fourniture d’environnements physiques sûrs et des programmes éducatifs qui renforcent les compétences de vie des enfants. Les programmes de compétences de vie comprennent ceux qui développent les compétences sociales et émotionnelles des enfants, telles que l’empathie, le respect de soi, la résolution de problèmes, la gestion de la colère et la résolution efficace des conflits. Ces programmes peuvent réduire les comportements agressifs et violents chez les jeunes (Organisation mondiale de la santé, 2009b). Les programmes de rencontres en milieu scolaire peuvent également fournir aux jeunes des compétences relationnelles et lutter contre les stéréotypes et les normes de genre dans le but de protéger les jeunes contre la violence conjugale et sexuelle.
Prévenir la violence chez les jeunes en s’attaquant à l’alcool
La violence chez les jeunes est fortement associée à la consommation d’alcool, qui peut désinhiber l’agression et accroître la vulnérabilité des individus aux agressions. Les mesures visant à réduire la disponibilité de l’alcool et sa consommation nocive par les jeunes sont des éléments importants des stratégies de prévention de la violence (Organisation mondiale de la santé, 2009c). Les stratégies visant à réduire la disponibilité de l’alcool comprennent celles visant à augmenter le prix, à mettre en œuvre et à faire respecter des restrictions d’âge, à réduire la publicité et la promotion de l’alcool et à limiter le nombre de points de vente pouvant vendre de l’alcool. Compte tenu de la violence des jeunes qui se produit dans et autour des lieux de consommation d’alcool, y compris les pubs, les bars et les boîtes de nuit, des mesures visant à promouvoir une pratique responsable des serveurs (par exemple, pas de vente d’alcool aux mineurs ou à ceux qui sont déjà ivres) améliorent le niveau de confort (par ex. plus de places assises, moins de monde), prévenir les promotions d’alcool bon marché, appliquer la législation sur les licences et dissuader les comportements antisociaux et les agressions sont également importants.
Déterminants sociaux et prévention de la violence chez les jeunes
La durée et la gravité de la participation des jeunes à la violence peuvent varier considérablement. Pour beaucoup, la lutte et d’autres formes de comportement délinquant peuvent être une phase temporaire de la jeunesse qui est dépassée à mesure que les individus passent à l’âge adulte. Pour d’autres, cependant, l’agression et le trouble des conduites peuvent apparaître tôt dans l’enfance, se transformer en formes plus graves de délinquance et de violence à l’adolescence et se poursuivre à l’âge adulte. Ces jeunes et leurs familles peuvent avoir besoin d’un soutien plus intensif, comme celui fourni par le biais d’une thérapie multisystémique. Il a été établi qu’une telle thérapie réduit la violence, la délinquance et la criminalité chez les jeunes qui adoptent déjà un comportement délinquant, en incorporant des techniques psychothérapeutiques (p. ex. thérapie cognitivo-comportementale) avec une formation des parents et un soutien plus large pour aider les jeunes et leurs familles à résoudre les problèmes avec leurs pairs, les écoles et les quartiers.
Les jeunes qui vivent dans des zones où les niveaux de privation et de criminalité sont élevés, ou qui ont peu de possibilités d’éducation et d’emploi peuvent voir peu de potentiel pour leur avenir et considèrent la violence et la criminalité comme les seules options pour atteindre le statut, les ressources et la richesse. Lorsque ces communautés sont victimes d’une violence endémique, le comportement agressif peut être considéré à la fois comme une norme sociale et une réponse nécessaire à l’autoprotection. Ces facteurs contribuent à ce que les jeunes aient accès à des armes pour se protéger et rejoignent des gangs où la violence peut être légitimée et même encouragée. La présence de gangs, d’armes et de marchés de drogues représente un risque important de violence chez les jeunes. La violence chez les jeunes peut également prospérer dans des sociétés où la cohésion sociale est faible, où les inégalités sociales sont importantes, où la population de jeunes augmente, où le chômage est élevé, où les systèmes de justice pénale sont faibles et où les normes sociales et de genre tolèrent les comportements violents (Sethi et al, 2010).
Politique et prévention de la violence chez les jeunes
La Recommandation du Conseil de l’Europe sur la prévention des blessures et la promotion de la sécurité, couvrant les blessures intentionnelles et non intentionnelles, identifie les jeunes comme un groupe clé à retenir. Les résolutions de l’Assemblée mondiale de la santé sur la prévention de la violence : une priorité de santé publique (WHA49.25) et la mise en œuvre des recommandations du Rapport mondial sur la violence et la santé (WHA56.24) fournissent un cadre permettant aux gouvernements de prendre des mesures pour prévenir la violence. Cette démarche est soutenue en Europe par la résolution du Comité régional de l’OMS pour l’Europe sur la prévention des blessures dans la Région européenne de l’OMS.
Le large éventail de facteurs de risque qui contribuent à la violence chez les jeunes est traité par de nombreuses politiques européennes plus larges, notamment celles axées sur l’éducation, l’emploi, la santé et le bien-être, l’inclusion sociale et les droits de l’homme. La prévention de la violence est également un fondement essentiel de la réalisation de nombreuses politiques clés axées sur la jeunesse, notamment la Stratégie de l’UE pour la jeunesse, l’Agenda 2020: l’avenir de la Politique de jeunesse du Conseil de l’Europe et du Programme Jeunesse en action de l’Union Européenne. Bien que la violence soit l’un des nombreux défis auxquels sont confrontées les populations défavorisées, elle constitue souvent un obstacle à la résolution d’autres problèmes sanitaires et sociaux, car les investissements individuels, communautaires et financiers dans les zones touchées sont entravés par la peur et l’instabilité. Par conséquent, la prévention de la violence est souvent une condition préalable à la mise en œuvre réussie d’autres politiques sanitaires et sociales.
La prévention de la violence: la série de données probantes publiée par l’Organisation mondiale de la santé détaille les données probantes qui sous-tendent bon nombre des stratégies de prévention décrites dans ce texte. Spécifiquement pour les jeunes, le rapport européen de l’OMS sur la prévention de la violence et de la criminalité au couteau chez les jeunes rassemble des informations sur l’ampleur de la violence chez les jeunes en Europe, les facteurs de risque, les preuves de ce qui fonctionne en matière de prévention et les options politiques.
Texte rédigé par Mark Bellis et Karen Hughes pour le partenariat entre la Commission européenne et le Conseil de l’Europe dans le domaine de la jeunesse.