L’Ego et l’Id

Voir aussi: Id, ego et super-ego

Présuppositions: « La Conscience et l’Inconscient »Edit

Tous les concepts de l’Ego et de l’Id sont construits sur l’existence présupposée de pensées conscientes et inconscientes. Sur la première ligne, Freud déclare: « il n’y a rien de nouveau à dire… la division de la vie mentale en ce qui est conscient et ce qui est inconscient est la prémisse fondamentale sur laquelle repose la psycho-analyse  » (9). Il distingue en outre deux types de pensées inconscientes: les idées « préconscientes », qui sont latentes mais pleinement capables de devenir conscientes; et les idées « inconscientes », qui sont refoulées et ne peuvent devenir conscientes sans l’aide de la psychanalyse.

Il serait trop simple de supposer que l’inconscient et le conscient se mappent directement sur l’id et l’ego, respectivement. Freud soutient que (selon son travail avec la psychanalyse) l’ego soi-disant conscient peut être montré pour posséder des pensées inconscientes (16) quand il résiste inconsciemment à des parties de lui-même. Ainsi, un troisième type de pensée inconsciente semble nécessaire, un processus qui n’est ni refoulé ni latent (18), mais qui fait néanmoins partie intégrante de l’ego: l’acte de répression.

Si cela est vrai, Freud soutient que l’idée d' »inconscience » doit être réévaluée: contrairement à une croyance antérieure, la psychodynamique humaine ne peut pas être pleinement expliquée par une tension entre pensées inconscientes et conscientes. Un nouveau cadre est nécessaire, qui examine plus en détail le statut de l’ego.

Mappage du nouveau cadre: « L’Ego et l’Id »Edit

Avant de définir explicitement l’ego, Freud plaide pour une manière de rendre les pensées inconscientes conscientes. Selon lui, la réponse réside dans la différence entre les pensées inconscientes et les pensées préconscientes: L’inconscient est « élaboré sur une sorte de matériau qui reste méconnu » (21), tandis que le préconscient est connecté aux perceptions, en particulier aux « images verbales ». La différence est donc une connexion aux mots (plus précisément au « résidu de mémoire » des mots.) Le but de la psychanalyse est donc de relier le matériau inconscient flottant librement aux mots via un dialogue psychanalytique.

Il poursuit en notant que l’ego est essentiellement un système de perception, il doit donc être étroitement lié au préconscient (27). Ainsi, deux composantes primaires de l’ego sont un système de perception et un ensemble d’idées inconscientes (spécifiquement préconscientes). Sa relation avec l’inconscient id (allemand: Es) est donc proche. L’ego se fond dans l’id (28). Il compare la dynamique à celle d’un cavalier et d’un cheval. L’ego doit contrôler l’identité, comme le cavalier, mais parfois, le cavalier est obligé de guider le cheval là où il veut aller. De même, l’ego doit, parfois, se conformer aux désirs de l’id.Enfin, l’ego est une « partie modifiée » de l’id qui peut percevoir le monde empirique (29). C’est cette idée de perception qui conduit Freud à appeler l’ego un « corps-ego » (31) — une projection mentale de la surface de son corps physique.

Complication supplémentaire: « L’Ego et le Super-Ego (Ego-Idéal) »Edit

L’ego est divisé en deux parties: l’ego lui-même et le super-ego (allemand: Über-Ich), ou l’ego-idéal (allemand: Idéal-Ich) (34). Bien que Freud ne semble jamais plaider pour l’existence d’un super-ego dans L’Ego et l’Id (sauf pour faire référence à l’un de ses travaux antérieurs dans une note de bas de page), nous pouvons considérer un besoin du super-ego implicite dans les arguments précédents de Freud. En effet, le super-ego est la solution au mystère soulevé dans le premier chapitre — la partie inconsciente de l’ego, la partie qui agit à titre répressif.

Son argument pour la formation du super—ego repose sur l’idée d’internalisation – un processus dans lequel (après qu’un objet autrefois présent soit absent) l’esprit crée une version interne du même objet. Il donne l’exemple de la mélancolie résultant de la perte d’un objet sexuel (35). Dans de tels cas, le sujet mélancolique construit un nouvel objet dans l’ego — pour atténuer la douleur de la perte. L’ego, en quelque sorte, devient l’objet (du moins en ce qui concerne la libido de l’id.) L’amour de l’id est redirigé – loin du monde extérieur – et tourné vers l’intérieur.

Freud arrive à ses conclusions sur le super-ego en combinant l’idée d’intériorisation avec l’idée du complexe d’Œdipe. Dans la petite enfance, avant le complexe d’Œdipe, un individu forme une identification importante avec le père. Cette identification est ensuite compliquée par l’objet – cathexis qui se forme à la suite du sein de la mère. L’attitude envers le père devient alors ambivalente, car la figure paternelle est à la fois identifiée et perçue comme un obstacle. Plus tard, tout le complexe dual est pris en interne, formant une nouvelle partie de son ego qui a la même autorité morale qu’un parent pourrait avoir. Cela semble assez simple, mais si le super-ego se manifeste comme une figure paternelle, alors nous ne pouvons ignorer la double nature du père œdipien. Le super-ego oblige l’ego à ressembler au père (comme dans l’identification primaire) et impose simultanément une injonction à l’ego, l’obligeant à ne pas ressembler au père (comme dans le complexe d’Œdipe, où l’enfant mâle ne peut pas prendre la place du père.)

Les instincts sexuels qui découlent de l’id et provoquent le complexe d’Œdipe, sont ce qui dicte la forme et la structure du super-ego. Si cela est vrai, beaucoup de nos dilemmes moraux « supérieurs” peuvent en fait être d’origine sexuelle (53). Freud y revient plus tard, dans le dernier chapitre.

Forces dans le cadre: « Deux classes d’Instincts »Edit

Après avoir exposé la forme générale et les conduits de l’esprit, Freud continue à élucider les forces qui agissent au sein de cette structure — à savoir, l’instinct d’amour et l’instinct de mort. Le premier est la tendance à créer; ce dernier, la tendance à détruire. Il étaye son argument en faveur de ces forces en faisant appel à la cosmologie et en invoquant implicitement les idées d’entropie et la troisième loi du mouvement de Newton (celle des forces égales et opposées): « la tâche de est de ramener la matière organique à l’état inorganique; d’autre part… Eros vise une coalescence plus poussée des particules dans lesquelles la matière vivante a été dispersée  » (56). Outre ce raisonnement purement esthétique, Freud ne donne aucun autre argument pour l’existence de ces deux instincts opposés — sauf à mentionner (entre parenthèses) « anabolisme et katabolisme » (56), les processus cellulaires de construction et de décomposition des molécules.

En utilisant ces instincts opposés comme base pour une enquête plus approfondie, Freud note qu’il y a des cas où l’amour semble se transformer en haine et où la haine se transforme en amour (59). Cela semble indiquer qu’il n’y a pas, en fait, deux instincts opposés. Cependant, Freud résout la question en affirmant la présence d’une énergie neutre, qui peut être appliquée pour favoriser l’un ou l’autre instinct. Et à mesure que le flux d’énergie se déplace, il peut créer ce qui semble être la transformation d’un instinct en son contraire (61-62).

D’où vient cette énergie neutre ? La réponse réside peut—être dans la sexualité – dans un « réservoir narcissique de libido… Éros désexualisé. »Ce processus de désexualisation se produit, selon Freud, lorsque l’énergie libidinale passe de l’id (son origine) à l’ego — qui (par un processus appelé « sublimation”) abandonne les objectifs sexuels originaux et utilise l’énergie pour alimenter la pensée et la motilité intéressée (62). La libido est donc transformée en énergie qui peut être appliquée à des objectifs créatifs ou destructeurs.

Cela semble indiquer que l’Éros – l’instinct d’amour – est la motivation principale de l’id. Mais Freud note qu’en réalité, la contrainte de l’id à se conformer à l’instinct d’amour est en fait une manifestation du principe de plaisir, ou la tendance à éviter les tensions qui viennent avec l’instinct d’amour. Se conformer à l’instinct d’amour peut parfois (en particulier chez les animaux plus primitifs) donner libre cours à l’instinct de mort. Ce concept revient dans le chapitre suivant, où Freud suggère que l’instinct de mort peut s’installer dans le super-ego.

Principales conclusions: « Les relations subordonnées de l’Ego »Edit

Dans ce dernier chapitre, Freud appelle l’ego « l’ego innocent. »Si les idées qu’il pose ici sont exactes, alors l’ego, en effet, se trouve victime du super-ego et de l’id plus forts (qui ont tendance à travailler ensemble). « Le super-ego est toujours en contact étroit avec l’id et peut agir comme son représentant par rapport à l’ego » (70). Freud cite ses expériences en psychanalyse, dans lesquelles les gens manifestent un sentiment de culpabilité qui les rend résistants à la conquête de leur pathologie. Son explication est que le sur-ego condamne l’ego – « une sévérité particulière et contre l’ego avec la plus grande cruauté » (73) et lui donne un sentiment profond et mystérieux de culpabilité.

C’est ce qui se passe lorsque l’instinct de mort s’empare du super-ego et l’allume (77). Au cours du processus de sublimation, l’instinct d’amour et l’instinct de mort (autrefois fusionnés) se séparent; et ce dernier se retrouve dans le super—ego le faisant « rage” contre l’ego. Parfois, la position malheureuse de l’ego peut entraîner des névroses obsessionnelles, une hystérie et même un suicide — en fonction de la réaction de l’ego au châtiment du super-ego. Parfois (dans le cas de la mélancolie), l’ego s’est identifié à un objet d’amour interdit si fortement, qu’il ne peut supporter la critique du sur-ego et abandonne – avec le suicide. À d’autres moments (comme dans les névroses obsessionnelles), l’objet est toujours extérieur à l’ego, mais ses sentiments pour lui sont réprimés, entraînant des actes d’agression extérieure. Et enfin (en cas d’hystérie), l’objet, les sentiments pour lui et la culpabilité qui en résulte (causée par la critique du super-ego) sont réprimés — provoquant des réactions hystériques.

Sur le front opposé, l’ego se retrouve à essayer à la fois d’apaiser et de médiatiser les désirs de l’id. Il se trouve sur un terrain d’entente entre la carte d’identité et le monde extérieur, essayant de rendre la carte d’identité conforme aux règles de la société, tout en essayant de rendre le monde conforme aux passions les plus intimes de la carte d’identité. Cette tâche incombe à l’ego car c’est la seule partie de l’esprit capable d’exercer un contrôle direct sur les actions du corps. Le rapport de l’ego à l’id est à la fois mutuellement bénéfique et soumis: « n’est pas seulement l’allié de l’id; c’est aussi un esclave soumis qui courtise l’amour de son maître » (83).

Ainsi, l’ego se trouve le siège de l’anxiété, assailli par des dangers potentiels de trois directions (84) — par le super-ego, l’id et le monde extérieur.

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