Vieux, gros, paresseux, égoïste, malhonnête, corrompu, voleur, manipulateur, vantard et lubrique, Falstaff est, malgré ses nombreuses qualités négatives, peut-être le plus populaire de tous les personnages comiques de Shakespeare. Bien qu’il soit techniquement un chevalier, le style de vie de Falstaff le rend clairement incompatible avec les idéaux de courtoisie que l’on associe généralement à la chevalerie. Par exemple, Falstaff est prêt à commettre un vol pour l’argent et le divertissement. Comme Falstaff lui-même le note longuement, l’honneur lui est utile : » L’honneur peut-il se mettre à une jambe ? Aucun. Ou un bras ? Aucun. Ou enleverle chagrin d’une blessure? Aucun. . . . Qu’est-ce que l’honneur ? Un mot ” (V.i. 130-133).Il perçoit l’honneur comme un simple « mot », un concept abstrait qui n’a aucune pertinence pour les questions pratiques. Néanmoins, bien que Falstaffmocks l’honore en le liant à la violence, à laquelle il est intimement lié tout au long de la pièce, il reste attachant et sympathique au public de Shakespeare. Deux raisons pour lesquelles Falstaff conserve ce titre sont qu’il joue son rôle de scélérat avec un tel enthousiasme et qu’il n’a jamais assez de succès pour devenir un véritable méchant; même son vol sur la route se termine par une humiliation pour lui.
Falstaff semble mépriser la morale en grande partie parce qu’il a un tel appétit pour la vie et trouve les subtilités de la courtoisie et de l’honneur inutiles lorsqu’il y a des blagues à raconter et des fêtes à manger. En grande partie une créature de mots, Falstaff a gagné l’admiration de certains érudits shakespeariens en raison de l’auto-création qu’il réalise à travers la langue: Falstaff crée constamment un mythe de Falstaff, et ce mythe définit son identité même lorsqu’il est visiblement révélé être faux. Un maître du jeu de mots et du jeu de mots, Falstaff fournitla plupart de la comédie de la pièce (tout comme il le fait dans 2 HenryIV, Les Joyeuses épouses de Windsor et HenryV). Il se rachète en grande partie grâce à sa véritable affection pour le prince Harry, qu’il semble malgré tout considérer comme un véritable ami. Cette affection rend d’autant plus dure la décision de Harry, préfigurée en 1 Henri IV, d’Abandonnerfalstaff lorsqu’il deviendra roi (en 2 HenryIV).